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2034, fiction ou réalité ?

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3/8 : les bébés à la carte

Fiction : Dans 2034, Pierre, le héros du livre, est surpris d’apprendre que les enfants de son mentor, O’Brien, le tout-puissant patron de l’Information de Phébé, ont tous été obtenus par procréation artificielle. Sa femme le justifie ainsi.

« - Tu sais, Pierre. De nos jours, on peut attendre un bébé sans le porter. Pourquoi devrais-je déformer mon corps et prendre des risques sur la santé de ma fille quand on peut prélever mes ovocytes, les féconder avec le sperme de mon mari, tester les embryons, sélectionner le meilleur et l’implanter chez une mère porteuse qui a besoin de cela pour vivre ? Chacun de mes enfants a été choisi, au sens propre du terme : qu’il s’agisse de sa résistance aux maladies, de son sexe, de la couleur de ses cheveux ou de ses yeux… Il a été à chaque fois le meilleur et celui qui correspondait le mieux à nos attentes parmi une dizaine de possibilités. »

Réalité : Cet avenir est déjà là, aux Etats-Unis, où de nombreuses cliniques privées proposent à leurs clients tout un ensemble de services autour de la conception de l’enfant : fécondation in vitro, vente d’ovules et de sperme, mères porteuses, diagnostics préimplantatoires, congélation d’embryons… et pas seulement pour les couples stériles.

Selon le Docteur Steinberg, dirigeant l’un de ces établissements, « en 2009, sur les 800 femmes ayant subi une FIV au Fertility Institutes, 700 étaient en parfaite santé et auraient pu avoir un enfant de façon naturelle ». Le recours à la procréation médicalement assistée leur permet de réaliser un premier diagnostic sur les embryons de façon à éliminer ceux qui seraient porteurs d’une maladie génétique, puis de ne conserver ensuite que ceux aux caractéristiques désirées : sexe, couleur des yeux.... Il en coûte « seulement » entre 18.400 et 25.000 dollars. 

Les nouvelles technologies sont en train de faire naître un droit à l’enfant sain et choisi, dont les conditions de naissance pourront être entièrement programmées. La dernière tendance en vogue aux USA, proposée par la plupart de ces cliniques, est la congélation d’ovules ou d’embryons. Cette « offre » s’adresse aux femmes qui ne veulent pas ralentir leur carrière au moment où elles sont le plus fécondes, et leur propose de réaliser leur grossesse quand elles l’auront choisie, en se libérant des contraintes biologiques. Elle est fortement encouragée par les entreprises de la Silicon Valley comme Apple, Google ou Facebook qui proposent à leurs salariées de subventionner ce service à hauteur de 20.000 dollars (montant correspondant à la congélation d’une vingtaine d’œufs). Le réseau social finance également le recours aux mères porteuses. 

 

De façon générale, les lois dans le domaine de la sélection génétique, de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui sont très hétérogènes d’un pays à l’autre. Les Etats-Unis sont l’un des seuls pays occidentaux à autoriser la commercialisation des ovules, du sperme et de l’utérus, et à offrir une liberté totale sur la pratique des diagnostics préimplantatoires. Ces offres sont accessibles librement sur internet et drainent une clientèle dans le monde entier. La Chine de son côté n’hésite pas de son côté à pousser les recherches en matière d’eugénisme. Le Beijing Genomics Institute a annoncé en 2014 s’être lancé dans le séquençage de l’ADN de 2.500 individus porteurs d’un QI au moins égal à 160, et ceci avec le plein soutien de son gouvernement. Et en 2018, un chercheur chinois He Jiankui, a annoncé la naissance de jumelles dont il aurait modifié le génome pour qu’elles ne puissent pas contracter le VIH. Même si cette expérience n’a pas été authentifiée par la communauté scientifique internationale et proviendrait d’un chercheur isolé en congé de son université, elle est parfaitement crédible et il est douteux qu’elle ait pu être menée sans l’assentiment des autorités du pays.

 

Alors, 2034 : fiction ou réalité ?

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