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2034, fiction ou réalité ?

4/8 : crédit social et contrôle de la population

 

Dans une série de billets, je vous explique comment l’univers dystopique de 2034 est déjà en germe aujourd’hui.

 

Fiction : Dans 2034, les Titans ont mis en place un revenu minimum garanti de 1000 USD par mois pour chaque individu, avec pour seule contrepartie l’utilisation de leurs données personnelles. Ce système permet un étroit contrôle, qui peut apparaître comme « volontaire », de la population.

« - Pour ceux qui ne se laisseraient pas convaincre, nous avons deux manières de les faire rentrer dans le rang : la perte du revenu minimum et notre police privée. Au moindre écart de conduite, leurs allocations sont coupées. Cela les fait réfléchir. Et si ce n’est pas suffisant, notre régime d’incarcération préventive est là pour les dissuader de prendre le risque d’une peine plus longue. Notre maitrise de la data est telle, que nous pouvons même anticiper leurs actions. (…) »

 

Réalité : Ce mécanisme est directement inspiré du « crédit social » déjà en œuvre en Chine et du « revenu minimum garanti » proposé par de nombreux acteurs de la Silicon Valley.

Certaines provinces chinoises ont mis en place, avec l’appui du gouvernement, un système de notation de la population appelé « crédit social ». Celui-ci vise à créer un « climat de confiance grâce auquel les transactions avec les citoyens pourront être honorées plus facilement ». Chaque habitant est doté initialement de 1000 points qui vont être appelés à fluctuer en fonction de ses bonnes ou mauvaises actions : participer à une œuvre de charité, aider un parent, rendre service à un voisin fait augmenter le nombre de points ; en revanche, conduire en état d’ivresse, ne pas rembourser une dette, ne pas respecter une interdiction, le dégrade. A chaque score correspond une catégorie : de D pour la plus faible à AAA pour la plus forte. Devenir un citoyen modèle donne accès à de nombreux avantages : accords et conditions de crédit facilités, remises sur certaines factures, possibilité d’emprunt d’objets sans caution… et peut-être, pour les meilleurs, l’affichage de son portrait en grand format sur les murs de l’hôtel de ville. En revanche, pour les plus mal notés, il devient impossible d’emprunter de l’argent, de prétendre à un poste de fonctionnaire, voire même de prendre l’avion ou un train à grande vitesse. Leur identité et leur photo sont publiées sur le site internet de la ville et une application permet de repérer sur son téléphone la localisation des mauvais payeurs dans un rayon de 500 mètres. Le système a ainsi vocation à améliorer le marché du crédit bancaire, déficient, et l’exécution des décisions de justice, souvent mal appliquées. Il est aussi un puissant outil de contrôle des populations. Il est alimenté en données par de nombreuses bases de la police, de la justice, de banques, d’associations ou d’entreprises qui sont régulièrement croisées. Ce qui a été conçu au départ comme une expérimentation dans une quarantaine de municipalités a maintenant vocation à se généraliser à partir de 2020 dans tout le pays, parce que « le sentiment de sécurité est le meilleur cadeau qu’un gouvernement puisse offrir à son peuple » (Xi Jiping, 2017).

De l’autre côté du Pacifique, de nombreuses voix de la Silicon Valley, plaident pour la mise en place d’un revenu minimum garanti. La crainte d’une explosion rapide du chômage, sous l’effet de l’accélération technologique, suivie d’une potentielle révolution populiste, conduit beaucoup de patrons d’entreprise (Zuckerberg, Thiel, Musk, Gates…) à prendre parti pour ce filet de survie social, qui leur permettrait de poursuivre leur développement sans entrave. Certains ont même proposé d’abonder le système, d’autres de rémunérer l’achat des données personnelles. 

 

Alors, 2034 : fiction ou réalité ?

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